samedi 24 mai 2008

La Consolante - Anna Gavalda




Après Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, Je l'aimais et Ensemble c'est tout, Anna Gavalda vient de publier La Consolante.


Un architecte qui approche de la cinquantaine, une ado affectueuse, un copain d'enfance, la mère du copain en question, des relations troubles. Une mauvaise nouvelle.


Des souvenirs qui remontent à la surface, des interrogations. Des voyages. Des déceptions.


Des découvertes aussi. La campagne. Des enfants, une femme.


Et enfin l'amour.


C'est tout ça le nouveau roman d'Anna Gavalda. Encore une belle histoire humaine. Mieux écrite que les précédentes. La finesse des personnages et de leurs sentiments m'a marqué. Elle va plus loin dans leur psychologie, elle met en scène des personnages plus "compliqués".

C'est un roman travaillé, on sent (quand on a lu ses précédents romans) qu' Anna Gavalda a acquis de l'expérience, et c'est super parce que ça dure 637 pages !







vendredi 23 mai 2008

La plus belle pour se marier !


(Vu dans GLAMOUR -numéro de juin 2008)


Sue Fleming, prof de sport à New York, a eu la (fabuleuse) idée de devenir "coach de futures jeunes mariées"... !

Dans son travail de coach sportif, elle rencontrait de nombreuses femmes, qui souhaitaient reprendre leurs corps en main, en vue de leur mariage ! C'est là que l'idée lui est venue.

Sue Fleming a donc mis au point un programme sur mesure, baptisé Buff Brides. Elle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin puisqu'elle a aussi sorti un livre, vendu jusqu'à présent à 150 000 exemplaires. Et ça n'est pas prêt de s'arrêter, car de nombreuses Américaines se mettent au programme !

Un DVD et un reality show ont également suivi....


C'est super mais ça coûte combien d'avoir un corps de rêve pour son mariage ??


Sue Fleming explique que pour avoir des résultats satisfaisants, il faut compter deux à trois séances par semaine, pendant environ 6 mois.

Sachant bien sûr qu'une séance d'une heure coûte 150 dollars !!


Pourquoi pas si ça peut aider des femmes à se sentir mieux dans leur peau, et qui plus est, pour le plus beau jour de leur vie !


Bien sûr, quand quelque chose marche, tout le monde reprend le concept à sa sauce ! De nombreux autres livres sont sortis, pour n'en citer que quelques uns : Bridal Bootcamp, The Wedding Workout ou encore Bible for Brides... Tout un programme !


Pour celles qui seraient intéressées, sachez que son livre Buff Brides, n'est pas disponible en Français, même si il est possible de le commander, sur des sites comme Amazone.

mercredi 21 mai 2008

"Bienvenue a la cambrousse" ou comment faire de l'argent facilement...

Les Américains seraient-ils en manque d'inspiration?

La nouvelle nous vient du quotidien Américain Variety : Will Smith va co-produire un remake de Bienvenue chez les Ch'tis. Ca s'apellera Welcome to the Sticks (Bienvenue à la cambrousse).
Ken Stovitz, l'un des co-producteurs de Will Smith, a été abasourdi par les recettes du film : 191 millions de dollars pour "seulement" 65 millions d'habitants en France... Il avoue, après visionnage du film, "que les raisons de son succès lui ont paru évidentes" !

Le film relaterait l'histoire d'un homme travaillant dans une multinationale et qui serait envoyé dans la cambrousse. Il trouverait dans cet endroit ce qu'il lui a toujours manqué et réaliserait que ce lieu n'est pas si primitif que ça ...

Sous couvert d'une histoire humaine mettant en scène un riche Américain trouvant son bonheur au milieu de nulle part, je pense que ce film se veut une réplique (fade ? le temps nous le dira...) d'un film qui a explosé le box-office Français et dont les Américains sont jaloux.


Anna Gavalda - Je l'aimais







Anna Gavalda nous raconte ici l'histoire d'une femme, abandonnée par son mari, Adrien. Avec elle, il s'est trompé... Il est parti avec une autre.
Elle se retrouve donc seule avec ses deux petites filles.
Toutes les trois, avec Pierre, le père d'Adrien, elles vont partir quelques jours dans la maison familiale.
C'est un long dialogue entre une femme et son beau-père. Les personnages changent, se révèlent. Le beau-père s'avère moins "vieux con", plus humain. La belle-fille panse ses blessures comme elle peut, se cache pour pleurer.
On est tenu en haleine par une "histoire dans l'histoire".
C'est un beau roman. Epuré. Touchant.
Une tranche de vie, un désespoir qu'on peut, toutes et tous, vivre un jour.

The pipettes - "the prettiest girls you've ever met"











Sorti en juillet 2006, We are the pipettes est le premier album de ce "girl's band" anglais.

Au départ composé de trois chanteuses (Julia, Becky et Rose) et de 4 musiciens, le groupe a connu quelques changements.

Gwenno a remplacé Julia en 2005. Dernièrement, le 18 avril, le site officiel des Pipettes a annoncé le départ de Becky et de Rose, qui ont été remplacé par Ani, la soeur de Gwenno et Anna, inconnue du grand public.


La formation du groupe a donc été totalement refondue.

We are the pipettes est un album aux sonorités sixtees, composé de 14 chansons qui, selon moi, sonnent un peu toutes de la même manière, mais les rythmes et les paroles (simples) ont l'avantage de rester en mémoire, dès la première écoute !
Bref, c'est un album gai, entrainant, qui donne envie de danser. C'est déjà pas si mal !!
Plus que de longs discours, regardez plutôt !
Leur second album (attendu !) sera-t-il aussi bien que le premier ?


mardi 20 mai 2008

Mon questionnaire de Proust

Ce questionnaire fut découvert par Proust à la fin du XIXè siècle, alors qu'il est encore adolescent. Il figure dans un album en anglais d'une de ses camarades, Antoinette, fille de Félix Faure, qui deviendra président par la suite. Le titre original de l'album est "An album to record thoughts, feelings etc..." (Un album pour garder pensées, sentiments...).A cette époque, ce genre de test est en vogue au sein des grandes familles, les questionnés peuvent ainsi dévoiler leurs goûts et leurs aspirations.


A mon tour, je vais répondre à ce questionnaire en guise de présentation, et je mettrai aussi les réponses que Proust avait donné, vers 1890.


Le principal trait de mon caractère : besoin de stabilité et de confiance (en avoir et pouvoir l'accorder).

Proust : Le besoin d'être aimé et, pour préciser, le besoin d'être caressé et gâté bien plus que le besoin d'être admiré.


La qualité que je désire chez un homme : la présence, l'attention, des Epaules.

Proust : Des charmes féminins.


La qualité que je désire chez une femme : l'absence de compétition, la volonté d'avoir des relations d'égal à égal

Proust : Des vertus d'homme et la franchise dans la camaraderie.


Votre principale caractéristique : rêveuse (à toutes les choses que je n'ai pas toujours le courage (ou la possibilité, ou le temps, ou l'argent, ou que sais-je encore ! ) de faire !).

Proust n'a pas répondu à cette question.


Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : le fait qu'on puisse parler de tout pendant des heures

Proust : D'être tendre pour moi, si leur personne est assez exquise pour donner un grand prix à leur tendresse.


Mon principal défaut : Moi ? Des défauts ??
Proust : Ne pas savoir, ne pas pouvoir "vouloir".
Mon occupation préférée : Variable. Tantôt ça pourra être passer des heures à lire, ou à écrire. Tantôt, ça sera jouer au poker.
Proust : Aimer.
Mon rêve de bonheur : Vivre à Paris, avec mon amoureux et 1 ou 2 enfants. Etre journaliste, rencontrer des tas de personnes intéressantes et apprendre sans cesse.
Proust : J'ai peur qu'il ne soit pas assez élevé, je n'ose pas le dire, j'ai peur de le détruire en le disant.
Quel serait mon plus grand malheur ? Perdre mon Amour.
Proust : Ne pas avoir connu ma mère ni ma grand-mère.
Ce que je voudrait être : Journaliste et écrivain.
Proust : Moi, comme les gens que j'admire me voudraient.
Le pays où je désirerais vivre : On est pas si mal en France, si ?
Proust : Celui où certaines choses que je voudrais se réaliseraient comme par enchantement et où les tendresses seraient toujours partagées.
La couleur que je préfére : Le lapis-lazuli.
Proust : La beauté n'est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.
La fleur que j'aime : Les gerbera.
Proust : La sienne -et après, toutes.
L'oiseau que je préfère : le paon.
Proust : L'hirondelle.
Mes auteurs favoris en prose : Anna Gavalda, Paul Auster, Agatha Christie, Marc Lévy, Bernard Werber...
Proust : Anatole France et Pierre Loti.
Mes poètes préférés : Baudelaire.
Proust : Baudelaire et Alfred de Vigny
Mes héros et héroines dans la fiction : Dora l'exploratrice
Proust : Hamlet et Bérénice.
Mes compositeurs préférés : Wolfgang Amadeus Mozart
Proust : Beethoven, Wagner, Schumann.
Mes peintres favoris : Les peintres surréalistes.
Proust : Léonard de Vinci, Rembrandt
Mes héros dans la vie réelle : Toutes les personnes que j'aime et qui m'aiment.
Proust : M. Darlu, M. Boutroux.
Mes héroines dans l'histoire : Marie Curie.
Proust : Cléopâtre.
Ma nourriture et ma boisson préférée : Un bon plat de pâtes bien cuisinées.
Proust n'a pas répondu à cette question.
Mes noms favoris : Chérie.
Proust : je n'en ai qu'un à la fois.
Ce que je déteste par dessus tout : le mensonge, la tromperie.
Proust : Ce qu'il y a de mal en moi.
Personnage historique que je méprise le plus : Hitler (par facilité, car la réponse de Proust m'aurait convenu aussi !!).
Proust : Je ne suis pas assez instruit.
Le fait militaire que j'admire le plus : joker !
Proust : mon volontariat !
La réforme que j'estime le plus : Joker bis !
Proust n'a pas répondu à cette question.
Le don de la nature que je voudrais avoir : le don pour l'écriture.
Proust : La volonté, et des séductions.
Comment j'aimerais mourir : dans mon sommeil.
Proust : meilleur, et aimé.
Etat présent de mon esprit : Interrogateur.
Proust : L'ennui d'avoir pensé à moi pour répondre à toutes ces questions.
Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence : Les miennes ?? Non, celles que je seraient susceptibles de faire ou celles qui ont été faites sans mauvaise foi.
Proust : Celles que je comprends.
Ma devise : Tout arrive quand on s'y attend le moins.
Proust : J'aurai trop peur qu'elle ne me porte malheur.





lundi 19 mai 2008

Plumé

En ce dimanche de décembre, asseyons nous, toi ma plume et moi l’esprit, et discutons. Sans toi je ne serai rien et inversement. Tu m’es indispensable…Mais que faire lorsque c’est moi qui te fait faux bond ? Parfois, je sens mon esprit se ramollir et là alors, il n’y a pas de d’issue. Mais alors, que faire ? Se perdre dans les abîmes de la souffrance et de l’angoisse de la page blanche ? Non. Non, je préfère encore m’amuser avec toi. Laisser mon imagination voleter dans l’azur de mon esprit, faire des dessins, des schémas, toutes des choses qui ne veulent rien dire. Voyons plume ! Mon art n’est pas le dessin. Néanmoins, peut-être pourrais-je tirer quelque chose de bon de ces esquisses. Elles pourraient être le point de départ d’une histoire, une amorce. Peu importe… Elles pourraient peut-être traduire des sentiments, des émotions. C’est ça que cherchent les lecteurs, non ? Des sentiments compliqués, enchevêtrés, aussi difficiles à comprendres que les délires de ma plume. Les lecteurs veulent de l’action, des personnages qui leur ressemble, du sexe mais pas trop, de l’amour, de la vie, ils veulent voyager, ne plus travailler. Le miroir de ce qu’ils n’osent pas être, finalement. Nous sommes très important dans leur vie, ma plume. Crois-le ! Ne crois pas que ton existence se résume à transcrire mes idées loufoques ! Tu es bien plus que ça.
Ensemble, nous avons encore des multitudes de choses à accomplir. Toi, délicate et fine sur le papier et moi, l’esprit, concis et clair, nous avons encore à affronter le casse-tête des mots croisés, la dûreté d’une lettre de rupture, la délicatesse d’une invitation et mille et autres écrits pour lesquels tu m’es indispensable. Tu es ma force, mon soutien, celle sans qui rien ne serait possible. C’est de nos talents conjugués que ressortent les plus belles créations. Tu es ma muse. Belle et frêle, tu m’inspires la légéreté, la douceur, l’amour… Les lecteurs ont besoin des livres, j’ai tout simplement besoin de toi. La boucle est bouclée, nous sommes parfaitement complémentaires et nécessaires l’un à l’autre.
Allons plume, que t’arrives-t-il ? Pourquoi agis tu avec tant d’empressement ? Tu te fais raide et rèche sur le papier, tu le grattes, le malmènes, l’offenses, il ne l’a pas mérité. J’obéis, je m’exécute et là je découvre peu à peu ton message.
Je ne comprends pas…Moi, l’esprit, je ne contrôle rien et voilà que ma page se noircit de dessins, comment fais-tu, plume ? Qu’est ce donc qui te donne ce pouvoir ?
Quelque chose de compréhensible commence enfin à prendre forme sur le papier. Je distingue des yeux, noircis, cernés, puis un nez, une bouche, qui constituent l’ensemble d’un visage aux
traits irréels. Que signifie cette face, plume ? Est-ce mon portrait ? Et pourquoi ces horribles cheveux sur mon crâne ? On dirait que le dessus de ma tête est le refuge de millions de vers de terre. Pourquoi dessines-tu toutes ces horreurs, plume, ma fidèle, mon amie ? Tu es devenue folle ! Tu es possédée !
Tu continues ton œuvre de manière toujours aussi frénétique mais désormais, tu commences à écrire. Tu as tellement de force dans ton petit corps si fin que tu manques de casser mon poignet. Je le tiens de mon autre main pour me protéger de ta force. Les lettres s’enchaînent, tu repasses plusieurs fois dessus et ton message apparaît alors en lettres de sang noirci : Je suis ton double, je ne suis pas une plume, je suis ta face cachée, la partie sombre de toi-même. Depuis le début, je prends possession de ton esprit. Tu m’es désormais entièrement dévouée.
Abasourdie et les yeux écarquillés devant ma page, j’assiste à une vision d’horreur. La plume grossit dans ma main. Je la laisse tomber à terre. Une fois sur le parquet, la plume prend une couleur rougeâtre et commence à se développer. Il lui aura fallu à peine quelques instants pour laisser place à une espèce de monstre, à l’allure humaine, terriblement terrifiant. Enfin sortie de ma torpeur, j’hurle, je me lève et me dirige vers la porte pour m’enfuir.
Or, je ne peux pas me lever, je ne tiens pas sur mes jambes. L’affreuse créature m’attrape alors, ouvre la fenêtre et m’envoie de l’autre côté. Je ne me débat même pas, je me résigne, je sais qu’elle a le pouvoir sur moi. Je n’existe plus, la créature a pris ma place. A terre, sur la pelouse humide, je sens un tourbillon chaud monter en moi, je perds conscience, et voilà que j’arrive dans un monde qui m’est totalement inconnu…

Mon Gilbert

Une petite nouvelle...


Ce matin-là, il régnait une atmosphère inhabituelle dans la chambre. Aux alentours de huit heures, comme à peu près tous les matins, je me réveillai. A tâtons, je tendis la main à mes côtés, pour voir si Gilbert était toujours là.
Gilbert, c'est mon mari. Un vieil homme de 91 ans, somnambule, sourd et presque aveugle, qui a la fâcheuse tendance à se lever pendant la nuit, et à ne pas retrouver le chemin du lit.
Il était là. Ma main se posa sur sa cuisse, frêle et tremblotante. Il dormait encore, d'une respiration lente. Elle me parut même anormalement lente. J'allumai alors la lumière. Je vis mon Gilbert, endormi sur le dos, un mince sourire aux lèvres. Déjà quand nous avions vingt ans, il dormait comme ça.
Je sortis doucement du lit, pour ne pas le réveiller. Il est assez fatigué en ce moment.
On a le même âge, mais le pauvre est beaucoup moins valide que moi. J'ai encore la chance de pouvoir aller faire nos courses. Pas toute seule, bien sûr, une auxiliaire m'accompagne, mais au moins je sors encore un peu. Lui passe ses journées assis dans la véranda. De là, il voit la rue. Il aime bien regarder les passants.Mon Gilbert, ça a toujours été un rêveur. Avant, il écrivait. Maintenant, il ne peut plus, il est trop vieux. Alors les histoires qu'il invente, il les garde dans sa tête.
J'étais à la cuisine en train de préparer le petit-déjeuner. Depuis que nous sommes en retraite, cela fait maintenant une bonne vingtaine d'années, je me lève en premier pour préparer le « petit repas du matin », comme dit Gilbert. Ce matin-là, je mis pas mal de temps à tout préparer. Mes gestes étaient lents, précis. C'étaient toujours les mêmes: faire chauffer de l'eau pour le café, préparer les bols, puis les biscottes, la confiture et enfin servir le café. Pourtant ce jour là, j'avais l'impression de les faire pour la première fois. J'avais l'impression de les redécouvrir. De redécouvrir le plaisir de préparer le petit déjeuner à son mari, un peu comme une jeune mariée. Des souvenirs enfouis assaillirent aussitôt ma mémoire. Je nous revis, Gilbert et moi, le jour de notre mariage... Ca date ! Il y a de ça 65 ans ! Nous aimons beaucoup parler de notre mariage avec nos petits enfants, ils sont ébahis devant tant d'années d'union. Ils nous posent sans cesse des questions pour avoir la « recette miracle » qui fait durer les couples ! Nous rions tous beaucoup à chaque fois ! Mon Gilbert, ça l'émeut surtout. Il s'est toujours demandé ce qu'une belle fille comme moi pouvait bien lui trouver. Il est assez sensible mon Gilbert...
D'autres souvenirs me revinrent. Nos premières vacances. Peut-être était-ce le mince rai ensoleillé qui filtrait par le rideau qui m'y a fait penser...Ca faisait longtemps que nous n'avions pas eu de soleil ! Dans tous les cas, je fus immédiatement transportée dans les années 50, nous avions une trentaine d'années, je venais juste d'apprendre que j'étais enceinte, et mon Gilbert avait dit :
« - Viens, Constance, nous allons nous offrir un beau voyage pour fêter ça !
Je le vois encore, joyeux comme un enfant à l'idée d'être père. J'avoue qu'il a été un parent exemplaire. Parfois, j'étais dépassée par le travail, aux champs d'une part, et à la maison d'autre part, mais lui a toujours été là pour m'aider. J'avais de nombreuses amies pour qui ce n'était pas le cas, beaucoup avait un mari paresseux, qui regardaient guère les enfants...
Je nous voyais donc en Bretagne. C'est Gilbert qui avait proposé qu'on aille là-bas. Comme je n'avais jamais voyagé de ma vie, je l'avais suivi sans broncher. Pour moi, c'était fantastique de partir de chez soi, pour passer des vacances dans une autre ville. C'était un mot étranger pour moi. Je ne savais pas ce que ça voulait dire. Etant fille d'agriculteurs modestes, c'était pour moi presque indécent, les vacances.
Je nous voit encore, avec nos bagages, monter dans le train. Pendant tout le trajet, nous sommes restés main dans la main, tournés vers la fenêtre, à regarder le paysage défiler.
Quelle surprise à la descente du train ! Pour la première fois, je sortais de ma ville natale, Reims. Quelle découverte ce fut pour moi ! Il y avait une agitation folle devant la gare. Gilbert ne me lâchait pas la main. Je ne savais pas ce qu'il comptait faire. Il se dirigea vers un taxi qui attandait des passagers non loin de là, et me dit :
Viens, ma belle ! Je t'emmène voir l'océan.
J'étais stupéfaite. Je ne le connaissais pas sous ce jour mon Gilbert. Je me sentais comme une princesse.
Je fus tirée de mes rêveries par un drôle de bruit. Je tendis l'oreille. Il me semblait que ça venait de la chambre. Comme j'ai des petits problèmes d'audition, je n'étais pas sûre. Néanmoins, je ne pris pas la peine de finir de préparer le petit déjeuner. J'avais un mauvais pressentiment.
Je trouvai mon Gilbert mi-assis mi-couché. Maintenant que j'étais auprès de lui, je compris que lorsque j'étais à la cuisine, il m'apellait.
Il me disait qu'il n'était pas bien, qu'il avait du mal à respirer. Je ne paniquai pas. Je le redressai, de manière à ce qu'il soit le plus droit possible. Le médecin avait dit que c'était ce qu'il fallait faire pour améliorer sa respiration.
Plus aucunes pensées ne traversèrent mon esprit. Je pris mon Gilbert dans mes bras. Il ne chercha pas à se retirer de mon étreinte. Au contraire, il s'accrochait à moi comme un enfant aurait pu le faire. Je sentais ses doigts fins et recroquevillés par l'arthrose me serrer contre lui, d'une force que je ne soupçonnais pas.
Je ne voulais pas t'abandonner ma chérie, je me suis accroché autant que j'ai pu. Mais je suis trop faible maintenant...
Je ne voulais pas y croire. Je ne voulais pas penser à l'après. Tant qu'il était en vie, je voulais profiter de lui.
Je l'allongeai sur le dos. Je m'allongeai à ses côtés, contre lui. Je lui pris la main. Je le regardai.
Il soutenait mon regard.
Sa respiration était lente, comme ce matin lorsque je me suis réveillée. Ma main gauche était posée sur sa poitrine. Je suivais les mouvements de son coeur. Un mince sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Ses yeux se fermèrent.
Ma main, toujours sur sa poitrine, suivait sa lente progression vers un autre monde. Les battements se faisaient de plus en plus irréguliers. Sa main se ressera sur la mienne, tel un dernier sursaut de vie.
Désormais, il n'y avait plus d'activité sous ma main, je ne sentais plus rien.
J'embrasse mon Gilbert pour la dernière fois, lui lâcha la main et m'assoupit quelques minutes.

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